Safran annonce un projet d'accord avec SNPE pour la reprise de SNPE Matériaux Energétiques (SME). « Ce projet permettrait de créer un acteur de premier plan dans le domaine de la propulsion solide, bénéficiant d'un modèle industriel simplifié », a expliqué l'équipementier aéronautique. Safran, via sa filiale Snecma Propulsion Solide, est le premier groupe européen dans la conception et la réalisation de moteurs-fusées à propergol solide ; SNPE, à travers sa filiale SME, est le leader européen dans le domaine des matériaux énergétiques de propulsion.
Ce projet prévoit l'acquisition de SNPE Matériaux Energétiques et de ses filiales dont 50% de ROXEL, ainsi que les 40% détenus dans Regulus, à l'exclusion d'Eurenco. En 2009, ces activités ont généré un chiffre d'affaires (non audité) d'environ 270 millions
d'euros.
La transaction serait financée par Safran avec sa trésorerie disponible. Elle serait relutive dans les résultats dès la première année, avant les écritures relatives à l'allocation du prix d'acquisition (PPA). Par ailleurs, SNPE accordera à Safran une garantie spécifique relative aux passifs environnementaux résultant de l'exploitation passée.
L'ensemble des activités reprises par Safran représente une valeur d'entreprise de 296 millions d'euros, reflétant un multiple de chiffre d'affaires estimé pour 2011 d'environ 1 fois et un multiple d'excédent brut d'exploitation (EBITDA) estimé pour 2011 de l'ordre de 6 fois, hors synergies opérationnelles ultérieures.
Après achèvement des discussions, et à l'issue des procédures d'information-consultation des instances représentatives des personnels, la transaction pourrait être finalisée dans le courant du premier semestre 2011, après obtention des autorisations règlementaires, sur avis conforme de la commission des participations et des transferts.
Les forces de la valeur
- Safran dispose d'une solide base dans l'aéronautique et la défense, au potentiel de développement substantiel. Safran est ainsi le troisième acteur de l'industrie européenne de l'aéronautique/défense (derrière EADS et BAE).
- La sortie de l'activité de communication a permis à Safran de poursuivre son recentrage sur son coeur de métier : la propulsion, l'aéronautique, la défense et la sécurité.
- Le groupe vise à devenir un leader mondial dans les solutions d'identification basées sur la biométrie et dans la détection. Le marché de la sécurité est peu cyclique et dégage une croissance à deux chiffres.
- Le groupe continue de bénéficier d'un effet mix entre les moteurs de première et seconde génération (soit environ 52% de la base installée) puisque 70% de ces moteurs ne sont pas encore passés en atelier de maintenance.
- Le groupe génère des cash flows récurrents élevés et bénéficie d'une situation financière saine. Ses liquidités s'élèvent à 4 milliards d'euros. Les faiblesses de la valeur
- Les objectifs de croissance du groupe restent conditionnés à la confirmation de la reprise du trafic aérien.
- Les plans de rigueur dans de nombreux pays européens devraient viser en premie r lieu les dépenses militaires avec une baisse des crédits recherche ou encore une réduction de certains programmes transnationaux.
- Le retard accumulé par le programme A400M est un handicap. Safran fait partie via Snecma du consortium européen chargé du développement du moteur de l'avion de transport militaire d'Airbus.
- Safran est également dépendant du programme B787 de Boeing, sur lequel la visibilité reste faible.
- L'étroitesse du flottant (39%) rend la valeur volatile.
- La fin de l'engagement collectif de conservation de titres chez Club Sagem (qui détient 8,6% du capital) et la forte probabilité d'une cession sur le marché de la participation de 7,4% d'Areva sont deux éléments qui pourraient peser à court et moyen terme sur le cours du motoriste. Comment suivre la valeur
- Safran est sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et militaire.
- Les négociations tarifaires avec les constructeurs, notamment Airbus et Boeing, sont à suivre.
- Safran est une valeur très sensible au dollar puisqu'une variation de 10% de la parité aurait, toutes choses étant égales par ailleurs et hors couvertures, un impact de l'ordre de 315 millions d 'euros au niveau de l'EBIT.
- L'un des principaux actionnaires de Safran est l'Etat avec 30,2% du capital.
- Le secteur aéronautique pourrait rapidement faire l'objet de grandes maneouvres :
i) l'Etat examine notamment le dossier de reprise de SNPEMatériauxEnergétiques par Safran. Le groupe souhaite depuis plusieurs années mettre la main sur les actifs de propulsion solide de SNPE, notamment utilisée pour les fusées Ariane.
ii) les discussions se poursuivent avec Thales en vue d'une correction de périmètre qui pourrait prendre la forme d'un échange d'actifs. De nombreux scenarii sont avancés.
iii) malgré le refus de Zodiac pour un rapprochement entre les deux équipementiers, Safran maintient le dialogue, convaincu de l'attrait de cette opération qui créerait un géant aéronautique mondial. Il a le soutien de l'Etat pour mener ce projet. LE SECTEUR DE LA VALEUR
Aéronautique - Défense
Les analystes s'attendent à un rebond des fusions acquisitions dans le secteur, qui était jusqu'ici resté en marge du mouvement. La dernière opération a été réalisée fin octobre 2008, lorsque Finmeccanica a acquis DRS Technologies pour 5,2 milliards de dollars. Safran vient de boucler le rachat de l'américain L1 pour 1 milliard de dollars. Il aimerait également racheter Zodiac, alors que celui-ci tient à son indépendance. Plusieurs indicateurs soulignent la consolidation potentielle du secteur. Pendant la crise, les différents intervenants ont généralement géré leur trésorerie de façon prudente, ce qui leur permet aujourd'hui de bénéficier de liquidités abondantes. En outre, restructurés, ils bénéficient de finances assainies.
Source : Agence Option Finance (AOF) |
|