L’annonce de l’adhésion de la Tunisie aux accords "Open Sky" a été précédée par un long processus, dont l’aboutissement sera pour 2010 et s’étalera sur trois ans. Parallèlement, la Tunisie a été choisie pour faire partie du projet Bluemed, visant la réalisation d’un espace aérien fonctionnel au-dessus de la zone méditerranéenne. La politique des étapes, c’est l’une des singularités de la Tunisie. Tous les grands projets, un peu révolutionnaires sur les bords, sont annoncés avec cette promesse de progressivité, dans l’espoir de ne pas provoquer des brèches subites, aux conséquences imprévisibles. Il en va ainsi de l’Open Sky voué à changer de fond en comble les lois du ciel tunisien. La Tunisie soutient "une libéralisation progressive, graduelle et ordonnée de la réglementation du transport aérien", nous indique le ministère du Transport, et ambitionne de se transformer en une plate-forme régionale de transport aérien. En annonçant son adhésion à l’open Sky, la Tunisie n’a fait que répondre aux sollicitations de la Commission européenne. Notre pays a été choisi, comme partenaire privilégié, à côté de trois autres pays, Algérie, Géorgie et Moldavie, en vue de la négociation d’un accord global des services aériens visant la création d’un espace aérien commun. Un mandat a été donné en 2008 à la Commission européenne pour négocier un tel accord avec la Tunisie. L’heure est maintenant à la renégociation des accords aériens bilatéraux conclus entre la Tunisie et 23 pays de l’Union européenne : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne, France, Grèce, Hollande, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie et Suède. Objectif : les mettre en conformité avec le droit communautaire et conclure un accord de services aériens horizontal avec la Commission européenne. Un tel processus induit l’ouverture totale de l’espace tunisien, qui sera, dès lors, aux prises avec une concurrence rude, consécutive à la libéralisation et la déréglementation entreprises tant au niveau régional qu’international. Dans cette perspective, des réformes ont été mises en route en vue d’actualiser le cadre réglementaire régissant l’accès au marché, la sécurité, la gestion du trafic aérien, l’environnement et la sûreté de l’aviation civile ; la réorganisation des services chargés de l’aviation civile en vue de la séparation des fonctions de supervision et de contrôle et les fonctions d’exploitation ainsi que la promotion de la participation privée dans le secteur. Hormis les compagnies aériennes privées (Nouvelair et Karthago) qui ont fusionné, on compte un groupement de maintenance aéronautique (Sabena Tunisie), un centre de formation pour l’obtention de la qualification de type A320, avec la participation d’Airbus et de Thalès, et des centres privés de formation aéronautique : AFA, IAC, CMFC, et ATCT. Par ailleurs, l’exploitation des aéroports a été ouverte aux privés, avec l’attribution en 2007 d’une concession de construction et d’exploitation de l’aéroport d’Enfidha ainsi que d’une concession d’exploitation de l’aéroport de Monastir au Consortium turc "TAV Airports Holding Co". La Tunisie a également adhéré au projet Bluemed, partie intégrante du projet ciel unique européen, aux côtés de l’Italie, Malte, Grèce, Chypre et Egypte. Bluemed vise la réalisation à l’horizon de 2012 d’un espace aérien fonctionnel au-dessus de la zone méditerranéenne. Sa réalisation a été confiée au fournisseur des services de la circulation aérienne italien (ENAF). Après analyse, il a été conclu, nous dit-on, que la plupart des systèmes de contrôle de la circulation aérienne utilisés en Tunisie sont compatibles avec les systèmes des pays participant au projet Bluemed, à l’exception de quelques différences, concernant essentiellement la gestion et la régulation de l’espace aérien. L’adhésion de la Tunisie au projet Bluemed lui permettra d’améliorer son réseau actuel des routes aériennes par la création de nouvelles routes directes, permettant de renforcer le niveau de sécurité de la navigation aérienne, et de réduire les durées des vols et la consommation de carburant, avec la préservation de l’environnement. A titre d’exemple, la route "Elb-Quenn-Nolsi-Tuc" permet une réduction de la distance de 16 NM soit un gain en temps de vol d’environ deux minutes et demie. Les nouvelles routes aériennes sont appelées à attirer plus de trafic de transit dans l’espace aérien tunisien provenant du Nord et du Nord-Ouest de la zone Europe vers le Sud et le Sud-Est de la zone Afrique, ce qui permettra d’augmenter les redevances aéronautiques et de réduire les coûts de la circulation aérienne. Après la phase d’étude de faisabilité du projet qui s’est étalée de 2006 à 2008, on en est actuellement à définir les différentes composantes du projet ; une phase qui se poursuivra jusqu’en 2011. La mise en œuvre du bloc d’espace aérien fonctionnel, proprement dit, est prévue pour 2012. Avec le projet Bluemed, l’espace aérien sera restructuré en fonction de l’évolution du trafic et de la nouvelle structure des routes aériennes et non selon les frontières géographiques. Une étude à long terme entre 2009 et 2015, sera, justement réalisée. Elle donnera lieu à un nouveau découpage des espaces aériens, y compris l’élargissement de plus de 50 Nm de l’espace aérien tunisien des côtés Nord et Est. gnet.tn |