Airbus a tenu de justesse son pari en livrant son douzième A380 de l’année, à Emirates, la compagnie aérienne de Dubaï, mais doit encore réussir la délicate montée en cadence de la production de son très gros porteur l’an prochain. Emirates, le plus gros client de l’avion géant européen avec 58 commandes fermes, a pris possession de son quatrième appareil sur le site Airbus de Hambourg, dans le nord de l’Allemagne. Au total, treize appareils – qui coûtent 327 millions de dollars pièce au prix catalogue – ont été livrés par Airbus à ses clients, en comptant le premier avion de la gamme livré le 15 octobre 2007 à Singapore Airlines. Le président d’Airbus Thomas Enders avait parié qu’il parviendrait à livrer douze A380 dans l’année, démentant des rumeurs de nouveaux retards. “Nous avons tenu notre calendrier de livraison pour 2008,” s’est-il félicité. “Cela n’a été possible que grâce à un formidable effort d’équipe qui nous donne une base solide pour poursuivre la montée en cadence de notre production en 2009″, a affirmé M. Enders. L’avionneur a pourtant récemment reconnu qu’il y avait des chances qu’il ne tienne pas son objectif de 21 livraisons l’an prochain. Louis Gallois, le président exécutif de la maison mère EADS, a ainsi déjà prévenu que “parmi ces 21 prévus en 2009, quelques uns pourraient être livrés en 2010″. La livraison du cinquième A380 d’Emirates l’an prochain a déjà été un peu décalée: elle “aurait dû avoir lieu à la fin mars mais ça sera probablement à la mi-avril”. Louis Gallois a déjà expliqué que l’avionneur était “en retard” dans la préparation de la phase de pleine industrialisation du programme. L’industrialisation du quadriréacteur a été minée depuis 2005 par des problèmes de fabrication et de coordination des usines européennes. En outre, le calendrier des livraisons a dû être modifié à quatre reprises, dépassant aujourd’hui deux ans de retard. Conséquence de cette désorganisation, près de 2.000 compagnons et techniciens allemands venus de Hambourg sont actuellement présents à Toulouse pour câbler à la main les appareils. Mais “la normalisation est en cours, les processus industriels – et non plus artisanaux – vont commencer à se mettre en place” et devraient se traduire par le départ de Toulouse d’un millier d’Allemands en 2009, souligne le coprésident (FO) du comité européen d’entreprise d’Airbus, Jean-François Knepper. Toutefois, “il y a toujours des impondérables, des difficultés qu’on ne prévoit pas” et qui pourraient freiner la montée en cadence prévue, reconnaît-il. Airbus, qui devrait battre son concurrent américain Boeing en termes de prises de commandes cette année, s’attend aussi à une conjoncture commerciale plus difficile alors que les compagnies aériennes sont frappées par la crise économique. La deuxième compagnie aérienne japonaise, All Nippon Airways (ANA), a ainsi récemment annoncé le report sine die de l’achat d’A380 ou de Boeing B747-8 “au vu des changements inattendus dans son secteur depuis la crise financière”. Le trafic aérien international de passagers a enregistré son troisième mois consécutif de baisse en novembre, avec un recul de 4,6%, a annoncé mardi l’Association internationale du transport aérien.