jeudi 10 septembre 2009

Discovery amarrée à la Station spatiale internationale

Partie de l'astroport Kennedy samedi 29 aout, la navette spatiale Discovery est désormais amarrée à la station internationale.

Les sept astronautes de la navette ont ainsi rejoint les six de l'équipage permanent de l'ISS (photo ci contre). Parmi eux, le Suédois Christer Fuglesang, de l'Agence spatiale européenne. Et le Belge Frank De Winne (ESA), membre de l'équipage permanent et qui doit prendre le commandement de l'ISS en octobre. Une première pour l'Europe.

Lors de cette mission Christer Fuglesang doit participer aux opérations de transfert du fret emporté dans le module préssurisé Léonardo, ainsi qu'à deux des trois sorties extravéhiculaires. Elles auront plusieurs objectifs, dont l'installation de plus de 20 mètres de cables indispensables pour l'amarrage du troisième noeud de jonction de la station, Tranquility, fourni par l'ESA et qui doit être acheminé par navette en 2010.

Les astronautes auront aussi à échanger le réservoir externe d'amoniac (liquide du système de climatisation de la station) en place contre un neuf. Ce réservoir pèse 800 kg et sera manipulé par... un seul astronaute. Fuglesang doit aussi démonter une installation expérimentale situé à l'extérieur de Columbus, le laboratoire européen, qui sera redescendue sur Terre. Elle a servi à exposer au milieu spatial des échantillons de matériaux durant 18 mois.


Parmi les matériels scientifiques acheminé par Discovery, il faut noter le système MSL, Materials Science Laboratory, fourni par l'ESA et construit par un consortium dirigé par Astrium. Automatisé, ce système expérimental comporte surtout plusieurs fours dont un à haute températrure qui va permettre d'étudier les processus physiques à l'oeuvre dans la fabrication d'alliage métallique et de semi-conducteurs.

Autre matériel important : DECLIC (dispositif d'étude de la croissance et des liquides critiques). Il s'agit d'étudier des matériaux transparents (alliages, fluides proche de leur point critique, situation intermédiaire entre gaz et liquide). Cette expérience provient d'une coopération entre le CNES et la NASA. L'Agence spatiale française a fourni le matériel et commandera les expériences depuis le centre de Toulouse.

Discovery apporte également le deuxième élément de MELFI, construit également par Astrium pour l'ESA, qui comporte un espace de stockage d'échantillons scientifiques et notamment biologiques à des températures de -80°C, -26°C et 4°C. Le premier est à bord de l'ISS depuis juillet 2006 et le dernier doit arriver à mi 2010.

Ces apport de matériels d'expériences scientifiques montrent que la station devient petit à petit un laboratoire spatial et non seulement un espace de vie pour astronautes. Même si le doute persiste sur la valeur des travaux qui y sont menés, on comprend dès lors que les agences spatiales européenne et japonaise qui ont investis dans deux laboratoires (Columbus et Kibo) insistent auprès de la Nasa pour que l'ISS ne soit pas désorbité dès 2016 mais voit sa durée de vie prolongée au moins jusqu'en 2020.
J'ai présenté ici, en fin de note, un résumé très lapidaire des options actuellement en discussion aux Etats-Unis, dans le cadre de la commission Augustine, sur la suite des vols habités, le destin des navettes et le retour sur la Lune.

«Lors de son dernier vol à destination de l'ISS, Christer Fuglesang y avait déjà été accueilli par un astronaute de l'ESA, qui y effectuait une mission de six mois. Cette fois, il rejoindra Frank De Winne, qui est également en mission de longue durée à bord de l'ISS et en prendra bientôt le commandement. Peut-on rêver meilleure illustration de la forte implication européenne dans les vols habités ?», a déclaré, au Centre spatial Kennedy, le Directeur des Vols habités de l'ESA, Simonetta Di Pippo. «Nos astronautes s'entraînent actuellement en vue de deux autres séjours à bord de la Station et d'un vol de navette obtenu par l'Agence spatiale italienne (ASI). La prochaine génération d'astronautes européens, sélectionnée récemment, s'apprête dans le même temps à entamer sa formation de base. L'Europe est dans l'espace pour y rester et nous nous attachons quotidiennement à créer des conditions permettant de renforcer son rôle dans le domaine des vols habités et de l'exploration, dans la perspective, notamment, d'une prolongation de la durée de vie de l'ISS.»

«À nos deux astronautes, qui travaillent actuellement en orbite en collaboration avec un équipage international, s'ajoutent des centaines de scientifiques et d'ingénieurs au sol, qui exploitent les installations scientifiques de la Station. Nous récoltons désormais chaque jour le fruit des investissements consentis par les États membres en recueillant des données scientifiques concrètes issues des expériences conduites à l'intérieur et à l'extérieur de l'ISS.», a de son côté indiqué le Directeur général de l'ESA, Jean-Jacques Dordain.

Discovery, qui se désamarrera de l'ISS le mardi 8 septembre, ramènera sur Terre l'astronaute de la NASA Timothy Kopra, qui sera remplacé au sein de l'équipage permanent de la Station par sa compatriote Nicole Stott, arrivée avec la mission STS-128. L'atterrissage est prévu le vendredi 11 septembre en Floride.